Pourquoi ce gel ?
Le Sénégal prévoit une récolte de près de 112 000 tonnes de bananes en 2025.
Une progression fulgurante si l’on se rappelle qu’en 2018, on plafonnait à seulement 34 500 tonnes. En clair, les champs de Tambacounda, Kolda, Sédhiou et même Saint-Louis n’ont jamais produit autant. Cette progression profite à près de 8 000 producteurs.
Le gel des importations vise à donner la priorité à cette production locale, encore trop souvent éclipsée par les bananes ivoiriennes.
Les producteurs voient dans ce gel une opportunité de valoriser leur travail, tandis que les commerçants ajustent logistique et stockage pour éviter les pénuries.
Un pari risqué ?
Côté besoins, le marché sénégalais consomme environ 130 000 tonnes par an, soit un déficit d’environ 20 000 tonnes pour 2025. L’équation semble serrée : comment satisfaire tout le monde sans les importations qui venaient combler les manques, surtout lors de pics comme le Ramadan ?
Certains acteurs du secteur pointent aussi le risque d’une hausse des prix : moins de concurrence, plus de marge pour les producteurs. L’ARM promet pourtant de contenir les tarifs autour de 800 F CFA le kilo pour le consommateur final, contre environ 1 000 F auparavant.

Entre souveraineté alimentaire et libre-échange
Ce choix s’inscrit dans une stratégie plus large de réduction des importations agricoles (oignons, pommes de terre, riz…). Mais il bouscule aussi les accords de libre-échange signés par le Sénégal, que ce soit au sein de la CEDEAO ou de la Zlecaf. Les producteurs ivoiriens et ghanéens, eux, ont déjà d’autres débouchés en Europe ou au Maghreb.
Impacts environnementaux et pratiques agricoles
Le développement de la filière locale pourrait présenter des avantages environnementaux, notamment en réduisant les transports et donc l’empreinte carbone des bananes importées.
Par ailleurs, adopter des pratiques agricoles durables—comme une irrigation raisonnée, l’usage limité de fertilisants chimiques ou la rotation des cultures—serait une stratégie intéressante pour renforcer la résilience de la filière et préserver les sols.

Reste la grande question : le consommateur sénégalais sera-t-il le grand gagnant ou le perdant de l’histoire ?
Le succès de cette mesure dépendra de la capacité des producteurs à répondre à la demande tout en maintenant des prix accessibles.
Quoi qu’il en soit, la banane devient le symbole d’un pari national : celui de l’autosuffisance alimentaire.
Le chemin est tracé jusqu’en 2029. Reste à voir si la promesse sera tenue… ou si le fruit star finira écrasé par ses propres ambitions.
7 septembre à 11:50, par Chantal Mendy
Ya tellement a faire, banane, ananas, datte, avocat. Ou sont les aides les prêt a taux 0 ?
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