Tour d’horizon d’un fruit roi au goût de revanche.
Une saison précoce et longue
Dans l’univers très concurrentiel de la mangue, le Sénégal joue la carte de la durée. Contrairement au Mali et à la Côte d’Ivoire, où la saison dure environ quatre mois (mars à juin), le Sénégal bénéficie d’une période de production unique en Afrique de l’Ouest, s’étalant de mai à octobre, avec une fenêtre d’exportation concentrée entre juin et septembre.
Les principales zones de production
Zone | Période de récolte | Spécificité |
---|---|---|
Casamance | Mai – Juin | Premiers arrivages, très bon rendement |
Centre | Juin – Juillet | Grande production, problèmes de stockage |
Bassin des Niayes | Juillet – Août | Proximité logistique avec le port de Dakar |
Nord | Août – Septembre | Production plus tardive, potentiel inexploité |
Une mangue qui a la cote… mais pas encore la couronne
Sur le marché international, le Sénégal joue ses cartes avec assurance. « Oui, nous sommes bien positionnés pour concurrencer les autres pays exportateurs », affirme Bienvenue Demba, responsable de la production chez Afric Nature. Selon lui, la fenêtre d’exportation (entre juin et septembre) offre un avantage compétitif, car elle se situe après la saison de la Côte d’Ivoire et du Mali, évitant la saturation du marché.
La mangue sénégalaise a de ls l’avantage d’avoir une chair dépourvue de fibre et très juteuse. C’est aussi, selon la directrice du domaine de Nema, « un fruit qui va du vert-rouge au jaune-orange et même parfois vert-violacé. »
Cependant, cette position avantageuse est à double tranchant. Aminata Diouf nuance : « Malheureusement, la mangue sénégalaise n’est pas compétitive sur le marché international, car elle est chère comparée aux autres mangues des pays asiatiques, de l’Amérique du Sud ou d’Amérique centrale. »
L’exportation de la mangue
Le Sénégal, avec sa production en quantité de mangue, dispose d’un atout pour s’imposer durablement sur le marché international. Mais cette ambition passe par une stratégie rigoureuse. Selon la directrice de Nema, pour transformer l’essai, plusieurs conditions essentielles doivent être réunies :
- avoir des acteurs fiables, et responsables et conscients des enjeux ;
- une production de mangue fraîche abondante ;
- un prix compétitif sur le marché international ;
- un produit de qualité et des emballages répondant aux exigences du consommateur du pays de destination ;
- l’obtention des certifications internationales.
La mangue sénégalaise, principalement de la variété Kent, s’exporte vers l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, la Belgique, le Liban, le Yémen, la Mauritanie, le Ghana, le Maroc, l’Angleterre et Dubaï.
Une abondance qui devient un casse-tête
Le paradoxe de la mangue sénégalaise, c’est que le pays en produit beaucoup… et parfois trop. La surproduction reste l’un des grands maux du secteur. Chaque année, des tonnes de mangues finissent invendues, pourrissant sous les arbres ou le long des pistes.
« Il est impératif d’installer des petites unités de transformation à proximité des producteurs », martèle Aminata Diouf avant de préconiser une facilitation la logistique pour acheminer les produits soit vers le marché local, vers l’uemoa, vers les pays du Commonwealth ou encore vers le marché international.
Confitures, jus, mangues séchées… la transformation permettrait non seulement d’absorber les surplus, mais aussi de créer de la valeur ajoutée localement. Madame Diedhiou de Food Niayes Sénégal confirme : « Oui, c’est une solution de plus en plus adoptée. La transformation permet d’absorber l’excédent non exporté et de créer de la valeur ajoutée localement. Des unités artisanales et semi-industrielles se développent à Thiès, Ziguinchor et Casamance. Cela crée des emplois et limite les pertes post-récolte. »
Avec des prévisions de production prometteuses, le secteur de la transformation vise aussi le marché international. « Les produits transformés visent surtout les marchés européens (France, Allemagne, Belgique), le Moyen-Orient et de plus en plus les États-Unis. Il y a aussi une demande croissante au sein de la CEDEAO, notamment au Mali, en Guinée et en Côte d’Ivoire. », ajoute le responsable de Food Niayes Sénégal.
L’éternel fléau : la mouche des fruits
Mais une ombre plane toujours sur la mangue sénégalaise : la mouche des fruits, ce ravageur sournois qui peut faire perdre jusqu’à 50 % des récoltes dans certaines zones. « Le fléau de la mouche des fruits est toujours présent au Sénégal. Le Sénégal a la possibilité de réduire la population de la mouche des fruits, mais ne pas l’éradiquer. », déclare Aminata Diouf.
En attendant, les producteurs fustigent une inaction du gouvernement. « Aucune action concrète gouvernementale n’a été faite pour nous aider en tant que producteur. Par contre, nous menons une lutte féroce contre la mouche en installant des pièges dans toute la plantation. », déplore Bienvenue Demba, responsable de la production de Afric nature.
Pourtant, des pistes locales émergent. En Casamance, notamment au centre de recherche de Kafountine, « une plante qui pourrait être une solution pour lutter contre cette mouche », selon Aminata Diouf.
Dans l’attente de solutions concrètes, une interprofession regroupant exportateurs, transformateurs et producteurs a vu le jour. Une lueur d’espoir que le secteur tout entier observe avec vigilance.
« Mangue-moi si tu peux »
Un reportage sur les mouches des fruits en Casamance !
28 avril à 20:03, par Antonio
Estoy buscando mangos deshidratados, papaya y limón.
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