Le marché à l’assaut des traders chinois et indiens
En Casamance, région historiquement ancrée dans la production de l’anacarde, la saison 2025 s’ouvre sous un ciel lourd d’incertitudes. Ce qui s’annonçait comme une campagne prometteuse vire peu à peu au cauchemar pour les acteurs locaux de la transformation. En toile de fond, l’arrivée massive de traders étrangers, principalement chinois et indiens qui raflent la production à des prix record.
Depuis mars, la Casamance vit au rythme d’une affluence inhabituelle. Les acteurs de la filière s’accordent sur un constat, jamais la pression sur la matière première n’a été aussi forte, aussi rapide, aussi bien orchestrée.
« L’arrivée massive des traders chinois et indiens en Casamance depuis début mars que d’autres sont attentifs à ce segment de notre économie. Actuellement, ils chargent des camions et préparent les expéditions par centaines de conteneurs pour l’Asie. » révèle Xavier Diatta, directeur général de Casa Industries SA.
Ainsi, en l’absence de régulation solide et efficace, la noix de cajou brute risque de quitter massivement le territoire sénégalais.
Le piège du cash immédiat
Présentement en Casamance, sur tous les marchés hebdomadaires d’ailleurs, le secteur de l’anacarde connait une asymétrie économique profonde. Les traders asiatiques paient comptant, en liquide, et souvent au-dessus du prix du marché. Les prix imposés par les étrangers dépassent de loin les capacités d’achat des transformateurs sénégalais. « Sur les marchés hebdomadaires de Sokone, Touba Mouride, Keur Samba Gueye et Touba Ndiguel, les ventes en gros s’effectuent entre 700 et 725 FCFA/kg. » explique Xavier Diatta.
« À Sédhiou, Camaracounda, Tanaff et Mpack (frontière de la Guinée-Bissau), les prix bord champ varient entre 625 et 650 FCFA/kg. À Ziguinchor, les prix dans les magasins avoisinent les 800 FCFA/kg, tandis qu’au port de la ville, ils atteignent entre 850 et 900 FCFA/kg. », ajoute Diatta.
Toujours dans le Sud, les entreprises de transformation subissent également une combine bien organisée. En cette période jugée très difficile, les producteurs introduisent progressivement de petites quantités de noix de cajou brute sur le marché, espérant profiter d’une hausse continue des prix. Cette stratégie crée un déséquilibre : la demande excède largement l’offre, ce qui maintient les prix à un niveau élevé.
Des mesures urgentes et très nécessaires
À court terme, l’une des priorités est de sécuriser un stock tampon de 7 000 à 10 000 tonnes de noix brutes qui pourrait être vendu aux entreprises locales de transformation à un prix plafonné, compris entre 500 et 600 FCFA/kg.

L’anacarde au Sénégal : rien ne se perd, tout est transformé
Chaque année, des milliers de tonnes de noix d’anacarde quittent les régions du Sud (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor) et celle du centre (Sokone) en direction des pays asiatiques, principalement (…)Une tonne de noix brute vaut environ 750 000 FCFA, contre plus de 1 500 000 FCFA lorsqu’elle est transformée localement. Cependant, afin d’obtenir cette marge très significative pour ces entreprises, des actions de structuration concrètes de la filière sont nécessaires.
« Il est impératif d’agir rapidement pour sécuriser un stock de 7 000 tonnes de noix brutes et permettre aux industriels spécialisés dans la transformation de la pomme d’accéder plus rapidement aux financements, car ils sont confrontés à plusieurs défis, souvent d’ordre logistique et saisonnier », a fait valoir Elimane Dramé, le porte-parole du collectif des transformateurs de l’anacarde au Sénégal.
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