On a beaucoup parlé, il y a une dizaine d’années, du potentiel du jatropha comme biocarburant. Puis, sous l’effet de polémiques et de lobbies divers, on ne s’y est plus intéressé. C’est dommage, car c’est une source d’énergie durable, dont la production peut générer une très forte plus-value au profit du monde rural : l’arbre, intégré intelligemment dans les systèmes de production, contribue à stabiliser les sols, et la production d’huile de qualité est possible à une échelle artisanale et génératrice d’emplois rémunérateurs.
Son utilisation, au niveau de plus d’un millier de forages équipés de moteurs thermiques que compte le Sénégal, permettrait de sécuriser l’approvisionnement en eau d’un grand nombre de villages.
Mais l’huile de Jatropha a bien d’autres qualités.
L’huile de jatropha, bien plus qu’un biocarburant
Au cours des 10 dernières années, de nombreux laboratoires universitaires, en Inde, au Nigeria, en Egypte, en Thaïlande ou en Malaisie, ont exploré les possibilités de son utilisation pour la fabrication de revêtements de surface, d’adhésifs et d’élastomères naturels. Leurs résultats ont été publiés par des revues scientifiques comme Surface Coatings International, Biosciences Biotechnology Research Asia, Progress in Organic Coatings, Industrial Crops and Products, British Journal of Applied Science & Technology, Pigment and Resine Technology, Asia-Pacific Journal of Chemical Engineering….
Les vernis et adhésifs polyuréthanes produits à partir d’huile de jatropha ont montré une meilleure résistance à l’eau chaude, aux acides et aux bases que ceux dérivés de l’huile de palme. De nombreuses applications sont entrevues, pour une utilisation comme isolant électrique, ou la protection des métaux contre la corrosion.
Un pesticide naturel
Dans le domaine agricole, l’huile brute de jatropha pourrait entrer dans la formulation de pesticides naturels efficaces. Il a en effet été montré que non seulement elle protège les grains contre les insectes, avec un pouvoir rémanent élevé (90 jours), mais qu’elle protège également, par ses propriétés fongicides, les plantules contre des champignons comme Aspergillus niger et Aspergillus flavus. Ce dernier est à l’origine de l’élaboration de composés très toxiques et carcinogènes comme les aflatoxines. Elle pourrait donc être utilisée dans la formulation de pesticides naturels.
Après 10 ans d’effort de plantation, SOPREEF, implanté à Foundiougne, a un potentiel de production de 100 000 litres par an d’huile de jatropha.