La formation en agroalimentaire au Sénégal : une voie d’avenir pour la jeunesse

Le secteur agroalimentaire sénégalais, avec une contribution de 13 % au PIB du pays et une croissance estimée à 5 % par an, est l’un des piliers économiques majeurs. Pourtant, ce domaine vital est confronté à un défi important : la formation et la qualification de sa main-d’œuvre.

Publié le 12 novembre 2024  

Face à une demande croissante et aux exigences internationales, de plus en plus de jeunes Sénégalais choisissent de se tourner vers des formations spécialisées dans l’agroalimentaire. Ces formations promettent non seulement des compétences techniques, mais elles permettent aussi une véritable reconquête de la terre, un retour aux sources pour beaucoup.

Une formation, un engagement

De nombreux jeunes Sénégalais voient désormais l’agriculture et l’agroalimentaire non plus comme un dernier recours, mais comme une réelle opportunité professionnelle. C’est un changement de mentalité remarquable, soutenu par des initiatives gouvernementales et des acteurs locaux. En plus des formations dans des instituts spécialisés ou des universités publiques, telles que l’université Amadou Mahtar Mbow (UAM) ou l’université du Sine Saloum, de nombreuses femmes maîtrisent le processus de production et de transformation grâce à des regroupements appelés communément GIE.

Après une saison 2024 de la filière mangue catastrophique, avec une baisse de considérable des exportations, beaucoup de producteurs se sont tournés vers le marché. Ce changement de cap a occasionné un fort intérêt dans le domaine de transformation. Ainsi, pour une meilleure redynamisation de ce secteur prometteur, la formation devient un vecteur crucial pour atteindre les normes de qualité et de compétitivité nécessaire.

Les programmes de formation doivent ainsi être axés sur des compétences pratiques et techniques, telles que la gestion des processus de transformation, la maîtrise des normes d’hygiène et de sécurité, ainsi que les réglementations liées aux exportations. Selon Aminata Diouf, directrice du domaine agricole de Nema, « il est crucial de maîtriser les aspects techniques, comme la gestion des douanes et des paiements transfrontaliers, pour réussir dans ce secteur compétitif ».

Aminata Diouf

Les femmes au cœur de la transformation locale

Les groupements de femmes jouent un rôle central dans le développement de l’agroalimentaire au Sénégal, en particulier dans la transformation des produits locaux tels que les céréales, le lait ou encore les fruits. Le GIE Takku Liggeeuy, dans la zone de Mboro, en est le parfait exemple. Ce regroupement forme ses membres dans la production de sirops de tamarin, de bissap ou de gingembre. Elles sont aussi dans la fabrication de confitures de mangues et de papaye.

À Dakar, douze se sont retrouvées dans le groupement Maria Distribution pour transformation des fruits et légumes. Elles sont formées sur les techniques de productions de jus, sirops et de préparation de mets traditionnels et modernes.

Maria Distribution

Thiaroye Azur, km 14, Route de Rufisque, Dakar

Ces femmes reçoivent des formations pour améliorer la qualité et l’accessibilité des produits, favoriser ainsi le consommer local et l’exportation. Leur implication dans le secteur est un exemple frappant du potentiel de l’agroalimentaire pour l’autonomisation économique au sein des communautés rurales.

Femme transformatrice (Crédit @RTS)

Rentabilité et perspectives économiques

Les investissements dans la formation en agroalimentaire sont prometteurs en termes de rentabilité. En moyenne, les petites et moyennes entreprises (PME) du secteur enregistrent une croissance annuelle de 10 % à 15 % dans les régions où la transformation des produits locaux est encouragée.

Ces données récentes de la Banque mondiale montrent également que le secteur agroalimentaire au Sénégal est en pleine croissance malgré des défis économiques. En 2023, le pays a enregistré une croissance économique de 4,3 %, grâce à une augmentation de la production agroalimentaire et des efforts pour améliorer les exportations, particulièrement dans les produits transformés comme le poisson, l’arachide et les produits horticoles.

Par ailleurs, l’engagement dans les activités de transformation permet aux jeunes et aux femmes de lancer des entreprises propres dans la chaîne de valeur du riz et de l’arachide, deux des piliers de l’agriculture sénégalaise.

Cheikh Ndiaye

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