Dans un rapport consacré aux méfaits écologiques, sanitaires et sociaux des pesticides, elle dresse un réquisitoire implacable contre ces substances. Certes, elles ont « sans conteste contribué à permettre à la production agricole de faire face à des hausses sans précédent de la demande alimentaire », mais au prix de désastres sur « la santé humaine et l’environnement ».
Un procès à charge contre les transnationales, dont certaines activités devraient être pouvoir être encadrées et, le cas échéant, sanctionnées. « L’industrie des pesticides est dominée par quelques sociétés transnationales qui exercent un pouvoir extraordinaire sur la recherche agrochimique, les initiatives législatives et les orientations en matière de réglementation au niveau mondial, dénonce le rapport. Elles ont aussi des responsabilités en termes de droits de l’homme. » Et c’est là tout le nœud du rapport : comment les rendre comptables et responsables de leurs agissements ?
Certes, il existe bien des traités, comme la convention de Stockholm ou celle de Montréal, qui ont débarrassé le monde (au moins sur le papier) d’affreux polluants. Mais pour des centaines de pesticides -très dangereux, mais qui n’entrent pas dans les clous de la réglementation- les étapes cruciales de leur cycle de vie échappent à toute réglementation.
Toxiques, mais légaux
200.000. C’est le nombre de personnes qui, chaque année, meurent d’intoxication aigüe, dont 99% surviennent dans les pays en développement, « où les réglementations dans le domaine de la santé, de la sécurité et de l’environnement sont plus souples et appliquées moins rigoureusement ». Les preuves des effets à moyen et long terme des pesticides, sur le vivant en général et l’être humain en particulier, sont plus ardues à apporter, d’autant que « l’ampleur des dommages causés par ces produits chimiques est systématiquement contestée [par l’industrie des pesticides et l’industrie agroalimentaire] ».
Et d’égrener la liste des pathologies, de mieux en mieux connues, imputables aux pesticides : Parkinson, Alzheimer, troubles hormonaux, troubles de la fertilité, etc. Avec quelles conséquences, en termes de politique publique ? Les États du monde entier semblent sur la même ligne : celle de l’inaction. « Bien que les graves risques pour la santé que présentent nombre de pesticides soient clairement établis, ceux-ci sont encore utilisés », constate la rapporteuse qui achève son réquisitoire sur une série de recommandations très fermes en direction des États.
Mais interdire et réglementer ne suffit plus : le moyen le plus efficace à long terme de réduire l’exposition à ces produits chimiques toxiques « est de renoncer progressivement à l’agriculture industrielle », conclut la rapporteuse.