Les acteurs de la filière mangue notent une baisse de la production au Sénégal ces dernières années. « Chaque année la production baisse », avoue Aminata Diouf, directrice des fermes du domaine agricole Nema. D’après elle, cette baisse est principalement causée par les changements climatiques. « Le climat est complètement déréglé et cela se répercute aussi bien sur la production que sur la qualité de la mangue », affirme-t-elle.
Pour s’adapter à ces changements, Aminata Diouf préconise l’adoption de techniques modernes. Cela permet à la plante de s’adapter à n’importe quelle saison : « A nemading, nous utilisons l’induction florale [technique permettant de stimuler le processus de mise en fleur de la plante]. Cela permet à la plante de s’adapter aux différents changements qui interviennent », explique-t-elle. « C’est une technique qui s’apprend », mais, regrette Mme Diouf, « les producteurs ne sont pas prêts à investir pour s’adapter aux dérèglements climatiques ».
« Au Brésil et au Pérou, on utilise les mêmes techniques. Ces pays se sont beaucoup améliorés dans ce domaine. Au Pérou, on arrive à produire 40 tonnes par hectare ».
Estimé à 24 000 en 2019, le volume des exportations de mangues baisse chaque année. « Il passé à 16 000 tonnes en 2022 et 12 000 tonnes en 2016, du fait de facteurs climatiques », indiquait la directrice générale de l’Agence sénégalaise de promotion des exportations (Asepex) d’alors, Zahra Iyane Thiam, à l’occasion d’un atelier sur les contraintes de la filière en juin 2023.
Cette baisse des exportations s’explique également, selon Aminata Diouf, par la taxe infligée aux producteurs. « En 2023, une taxe supplémentaire de 15 FCFA a été ajouté : 5 F CFA par kilogramme pour les producteurs et 10 F CFA pour les exportateurs », a dit Aminata. Selon elle, c’est cette taxe qui a limité les exportations de la mangue sénégalaise en 2023 sur le marché mondial. D’après la directrice générale des domaines agricoles Nema, aujourd’hui, « la mangue sénégalaise n’est pas compétitive sur le marché même si elle est la plus recherchée au monde ».
Elle prévient que cette année la mangue va coûter encore plus cher que l’année précédente.